1945
Mise à jour : 09/03/1999

En 1945 -- France

Barré est l'un des experts du Centre d'Etudes des Projectiles Autopropulsés (CEPA) dirigé par le Professeur Moureu et rattaché à la Direction des Études et Fabrications d'Armement (DEFA).

Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993

15/03/1945 -- France

Après maints incidents, le premier tir de la fusée EA-1941 a lieu le quinze mars 1945.

La fusée EA 1941 a été conçu pour emporter une charge tile de 25 kilogrammes à 100 kilomètres.

Elle fonctionne à l'oxygène liquide, son moteur a une poussée voisine d'une tonne-force.

La Marine a fait un effort considérable pour jalonner la ligne de tir : deux hydravions, deux destroyers d'escorte et huit chasseurs et vedettes.

L'engin franchit rapidement la rampe, mais il se met rapidement à "précessionner" et explose après cinq secondes de course.

Une vedette de la Marine recueille plusieurs fragments qui flottent, dont la bouteille d'azote.

La cause de l'explosion ne fut jamais bien établie.

Elle peut être attribuée à la précession, cette dernière ayant pu être provoquée par la perte possible d'un aileron de l'empennage.

Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993

Jacques Villain, L'aventure millénaire des fusées, Explora - Presses Pocket, N° 3620, ISBN 2-266-0524-X, 1993

La fusée EA 1941.

16/03/1945 -- France

Deux engins EA-1941 doivent être tirés le seize Mars 1945, mais un seul est mis à feu.

Pour une cause indéterminée, la télévalve ne s'ouvre pas et la combustion a lieu sans pression.

L'engin, reste au bas de la rampe.

Il explose au bout d'une dizaine de secondes, rendant la glissière inutilisable pour le tir du deuxième engin.

Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993

La fusée EA 1941.

08/04/1945 -- France - Allemagne

Le colonel Louis Gentil décède dans le camp de Dora.

Il a été l'un des promoteurs à la fin 1940 des travaux concernant la fusée EA-1941.

Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993

25/04/1945 -- France - Allemagne

M. Diethelm, ministre de la Guerre, donne ordre à la Direction des Études et Fabrications d'Armement (DEFA) d'envoyer une mission dirigée par le colonel Barré, au centre allemand de Peenemunde, et ceci avant l'arrivée des forces soviétiques.

Jacques Villain, La force de dissuasion française, Genèse et évolution, Docavia - Volume 26, Editions Larivière, 1987

Initiation à la force de frappe française (1945-2010), M. Theleri, Stock, 2-234-04700-5, 1997

En Mai 1945 -- France

Le professeur Moureu qui, jusqu'en mai 1945, a opéré seul imagine les rôles que pourra jouer à l'avenir la fusée.

Il préconise dès mai 1945 la création, en France, d'un Institut de la Fusée.

Cette idée sans doute encore prématurée a néanmoins abouti à la naissance du Groupe Opérationnel des Projectiles Autopropulsés (GOPA) chargé plus spécifiquement d'étudier les fusées réalisées par les Allemands.

Le GOPA, placé sous l'égide de la Direction des Etudes et Fabrications d'Armement (DEFA), donc de l'Armée de Terre commençe alors à nouer des relations avec le Service Central d'Information Technique du Ministère de l'Air intéressé par la recherche d'informations sur les armes de l'aéronautique allemande et aussi avec le Ministère de la Marine.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

08/05/1945 -- France - Allemagne

Capitulation allemande.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

09/05/1945 -- France - Allemagne

En 1945, les Alliés prennent connaissance de l'ampleur des travaux allemands concernant les fusées.

En effet, une vingtaine de rapports concernant les V1 et V2 ont déja étés rédigés.

Le professeur Henri Moureu, accompagné du Commandant Barré, prend la tête d'une mission en Allemagne.

Ils sont chargée d'aller examiner la station expérimentale de contrôle et de réception des V2 de Ober-Raderach située près du Lac de Constance et de Friedrischshafen, en zone d'occupation française.

Moureu préconise alors le démontage de cette installation et son transfert vers la France.

Cette mission dure du neuf au dix-sept mai 1945.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

07/06/1945 -- France - Allemagne

Le professeur Henri Moureu, accompagné du Commandant Barré, prend la tête d'une deuxième mission sept au vingt-neuf juin en zone d'occupation américaine.

La mission parvient à Nordhausen, dans le centre de l'Allemagne.

Jacques Villain, La force de dissuasion française, Genèse et évolution, Docavia - Volume 26, Editions Larivière, 1987

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993

12/06/1945 -- France

Il est confié au Ministère de la Guerre, régi par l'Armée de Terre, les études de projectiles autopropulsés.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

13/06/1945 -- France

La Direction des Études et Fabrications d'Armement (DEFA) propose à l'Etat-Major un premier projet d'organisation prévoyant la création d'un Centre d'Etudes de la Fusée chargé de poursuivre les importantes recherches et reconstitutions entreprises tant sur le V2 que sur divers autres projectiles autopropulsés allemands, d'entreprendre les études scientifiques et de faire toutes suggestions susceptibles d'apporter une amélioration à ces engins et d'en étendre la puissance et le mode d'emploi.

La DEFA exprime clairement à l'Etat-Major de l'Armée que "le V2 est dès maintenant prévu comme devant être reproduit et essayé, les très importantes installations nécessaires à l'essai au point fixe et au tir des V2 seront réalisées...".

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde ,Commission histoire de l'AAAF, 1992

15/06/1945 -- France - Allemagne

Après avoir obtenu les autorisations nécessaires de la part des autorités américaines, les membres de la mission dirigée par le professeur Henri Moureu visitent les installations de Nordhausen.

L'objectif essentiel du Professeur Moureu est de ramener en France des matériels, ce qu'il obtint de la part du commandement américain.

Ainsi, neuf wagons de pièces diverses prendront le chemin de la France parmi lesquelles quatre V1 et un quadruple jeu de pièces de V2 (tuyères, groupes générateurs de gaz pour turbines, servo-moteurs).

Quelques temps plus-tard ils visitent la station d'étalonnage "Basalt" des tuyères de V2, située à Lehesten en Thuringe et à environ cent kilomètres au sud de Nordhausen.

Cette usine a été édifiée pour prendre le relais de celle d'Ober-Raderach.

Ils visitent également l'usine "Mittlewerk" de Dora permettant le montage sous terre de V2 et où de nombreux déportés travaillant dans des conditions inhumaines payent de leur vie la réalisation de ces premières fusées.

Au cours de cette mission, les représentants français ont assistés à des essais de moteurs et procédés à l'interrogatoire de prisonniers allemands.

Les experts en armements français commencent à découvrirent ce que sont les missiles balistiques.

Comme les États-Unis et l'Union Soviètique, la France va s'engager dans l'étude de ce nouveaux système d'arme.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993

18/06/1945 -- France - États-Unis

Le professeur Henri Moureu, accompagné du Commandant Barré, prend la tête d'une deuxième mission sept au vingt-neuf juin en zone d'occupation américaine.

Le professeur Henri Moureu obtint l'engagement écrit du commandement suprème américain de céder ultérieurement à la France dix V2 complets.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

27/06/1945 -- France - États-Unis

Le Département de la Guerre américain fait savoir au professeur Henri Moureu qu'il ne tiendra pas son engagement de céder à la France dix V2 complets.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

06/07/1945 -- France

À nouveau, les circonstances retardent les opérations la "monnaie matière" est rare et délivrée au compte-goutte, des affectations diverses dissocient en partie l'équipe de Barré, et le montage des engins EA-1941 restants est confié à la Société pour l'Application Générale de l'Electricité et de la Mécanique (SAGEM) à Argenteuil.

Mr. Pinard, le forgeron-soudeur est d'ailleurs détaché à cette société.

Finalement, le tir n'a lieu que le six juillet 1945, toujours à la Renardière, la rarnpe de lancement ayant été remise en état.

La Marine de Toulon a bien voulu mettre à la disposition des expérimentateurs un hydravion, un escorteur et deux vedettes de port.

Trois engins furent tirés ce jour-là.

- Le premier, animé d'une vitesse insuffisante au sortir de la rampe, par défaut manifeste de pression, est couché par une rafale et tombe en mer, combustion achevée, à une dizaine de kilomètres de la Renardière.

- Le second, au contraire, animé d'une vitesse excessive, explose 1,2 secondes après avoir franchi la rampe.

- En raison des retards accumulés au cours des tirs précédents, le troisième engin n'est tiré qu'à 19h 45mn alors que la flottille d'observation est déjà sur le chemin du retour.

Après un très bon départ, la combustion prend fin au bout de 7.5 secondes au lieu des 13 prévues, ce qui semble imputable à un excès de pression.

l'engin peut être suivi jusqu'à l'horizon (distant de trente-quatre kilomètres de la rampe de lancement) et certains observateurs affirment l'avoir vu disparaître derrière la ligne d'horizon.

La lecture des films permit ultérieurement d'évaluer à 1400 mètres par secondes environ la vitesse de l'engin en fin de combustion son coefficient balistique étant mal déterminé, on n'a pu qu'évaluer grossièrement la portée qui a dû être de l'ordre de 60 kilomètres.

Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993

La fusée EA 1941.

13/08/1945 -- France

La Direction des Etudes et Fabrications d'Armement (DEFA) propose à l'Etat-Major un premier projet d'organisation prévoyant la création d'un Centre d'Etudes de la Fusée chargé de poursuivre les importantes recherches et reconstitutions entreprises tant sur le V2que sur divers autres projectiles autopropulsés allemands, d'entreprendre les études scientifiques et de faire toutes suggestions susceptibles d'apporter une amélioration à ces engins et d'en étendre la puissance et le mode d'emploi.

Par ailleurs, la DEFA exprime clairement à l'Etat-Major de l'Armée que "le V2 est dès maintenant prévu comme devant être reproduit et essayé, les très importantes installations nécessaires à l'essai au point fixe et au tir des V2 seront réalisées...".

Les premiers moyens nécessaires à la réalisation des futurs missiles français sont mis en place au sein de l'administration militaire et plus particulièrement à la DEFA qui a la responsabilité des études de missiles sol-sol et sol-air et à la Direction Technique et Industrielle de l'Aéronautique (DTIA) qui obtint celle des missiles air-air et aussi des sol-air et des engins cibles.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

22/08/1945 -- France

Un marché est passé avec la société Société pour l'Application Générale de l'Electricité et de la Mécanique (SAGEM) pour réaliser un prototype d'un engin plus puissant que la fusée EA-1941Barré qui doit pouvoir transporter une charge de 300 kilogrammes à une distance de l'ordre de 500 à 1000 kilomètres.

Cet engin d'abord appelé EA 1946 prend rapidement le nom d'Eole (Engin fonctionnant à l'Oxygène Liquide et à l'Ether de pétrole).

Eole est en fait une réplique à échelle accrue de EA-1941.

Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993

En Septembre 1945 -- France - Allemagne - États-Unis

Visite des installations de Kochel, au sud de Munich.

C'est là qu'a été transférée la soufflerie supersonique de Peenemünde après le bombardement allié du dix-sept août 1943.

Au moment où la mission française composée du capitaine P. Carrière et du Professeur Demontvignier arrive sur place, cette soufflerie est en cours de démontage pour son transfert aux États-Unis.

Les militaires américains sont alors coopératifs et permettent à la mission française d'examiner l'ensemble des archives.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

En Septembre 1945 -- France - Grande-Bretagne

La coopération avec les Britanniques s'installe dans un climat de confiance réciproque au point que Moureu obtint en septembre 1945, non seulement plusieurs tonnes de documents d'origine allemande, mais aussi quelques renseignements sur la bombe atomique dont le premier emploi est tout récent, avec un schéma approximatif de l'engin.

Les relations avec les Alliés se poursuivent de manière amicale et fructueuse.

Un exemple de ces excellentes relations est donné par le Major Harrison du G2 américain qui donne à Moureu le code allemand des fabrications des composants du V2.

Quelques semaines plus tard, il sera procédé au recrutement de vingt-huit aérodynamiciens allemands parmi ceux que les Américains n'avaient pas eux-mêmes embauchés.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

02/10/1945 -- France - Grande-Bretagne

A l'invitation des Britanniques, Moureu peut assister avec son adjoint, l'ingénieur en chef Chovin et le capitaine Carrière à des lancements de V2 depuis Cuxhaven, réalisés dans le cadre de l'opération Backfire.

Sont également présentes des délégations américaine et russe et dans cette dernière figurent V.P. Glushko et S.P. Korolev.

Le professeur Henri Moureu se souvient :

"Les essais furent pleinement réussis et nous vîmes pour la première fois s'élever verticalement, très stable sur sa trajectoire, l'énorme masse du V2 dont nous connaissions alors à peu près tous les rouages et détails de fonctionnement, mais dont le départ réel nous fit une très grosse impression et me conforta dans l'opinion que j'avais de l'apport nouveau fondamental qu'il constituait dans le domaine scientifique comme dans le domaine militaire".

Moureu profite de la circonstance, malgré les dissensions apparaissant entre les missions soviétique et anglo-américaine, pour demander l'autorisation aux Russes de visiter Peenemünde ainsi qu'aux Anglais la cession de matériels nécessaires au lancement des dix V2 promis par les Américains.

Les Russes agréèrent mais ne donnèrent pas suite.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

Grégory P. Kennedy, Le V2, Arme de vengeance, Editions du Blockhaus, 1992

Décollage de la première fusée de l'opération "Backfire"

14/11/1945 -- France

Le Centre d'Etudes des Projectiles Autopropulsés (CEPA.), rattaché à la Direction des Études et Fabrications d'Armement (DEFA), est créé.

Le Professeur Moureu en prend la tête, l'Ingénieur en Chef Lafargue en assure la direction technique.

La raison d'être du CEPA, son organisation et ses missions sont évidemment placées "sous le signe du V2", car, à cette époque, les responsables militaires considérent cet engin, comme le dernier cri de l'arme stratégique.

On pense aussi que le seul fait de le reconstituer et de le tirer en vol, en un nombre suffisant d'exemplaires doit mettre les techniciens français au niveau des techniciens allemands qui l'ont étudié et réalisé.

Le fait qu'il est possible d'amener en France un grand nombre de sous-ensembles et de pièces relatives au V2 a, en outre, milité pour se lancer dans la reconstitution de cet engin.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

Fin 1945 -- France

Il est clair dans l'esprit du Professeur Moureu et de quelques responsables militaires, qu'avant de s'engager dans la réalisation de missiles, la France doit d'abord assimiler les acquis allemands.

Ce pays posséde, sans consteste le plus important savoir-faire en la matière.

Hormis les V1 et V2, il a aussi mis en service opérationnel de nombreux types de missiles sol-sol, anti-chars, sol-air, air-air et air-sol.

Certes, Si de nombreux matériels ont été récupérés, il apparait qu'il faut aussi s'adjoindre le service de certains des spécialistes allemands qui ont conçu ces matériels.

Ils pourront ainsi, non seulement, apporter leurs connaissances à la réalisation des missiles français futurs mais aussi transmettre leur savoir aux jeunes ingénieurs français.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde ,Commission histoire de l'AAAF, 1992

Fin 1945 -- France

Les premiers moyens nécessaires à la réalisation des futurs missiles français sont mis en place au sein de l'administration militaire et plus particulièrement à la Direction des Études et Fabrications d'Armement (DEFA) qui à la responsabilité des études de missiles sol-sol et sol-air et à la Direction Technique et Industrielle de l'Aéronautique (DTIA) qui obtint celle des missiles air-air et aussi des sol-air et des engins cibles.

La DEFA met en place un bureau d'études au Service Technique de la DEFA, situé à l'Atelier de Construction de Puteaux (APX) en banlieue parisienne.

Ce service dispose à quelques centaines de mètres, dans les fossés du Fort du Mont Valérien, d'un banc d'essai pour fusées de petites dimensions.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde ,Commission histoire de l'AAAF, 1992