1840 - 1849
Mise à jour : 25/11/1998

1840 -- Grande Bretagne - États-Unis

L’Anglais William Hale produit des fusées à rotation stabilisée, en insérant trois ailettes courbes et métalliques dans la tuyère.

Encyclopédie visuelle de l'exploration de l'espace, Bordas, 0-04012777-1, 1982


Les fusées de William Hale


1841 -- France

Des expériences sur des fusées de gros calibre sont tentées à l'École de pyrotechnie de Metz sous la direction du général Schouler. Elles fournissent des résultats remarquables, mais il n'y a aucun espoir à fonder sur ce type de fusée car l'imperfection des moyens de chargement ne permet pas de confectionner des fusées de gros calibre dont on peut se servir avec sécurité.

Les fusées de guerre, Monsieur Susane, Mémoires de l'académie impériale de Metz, XLIVe année, 1862-63, 2ème série, XIe année, 2ème partie

1844 -- France

La fabrication des fusées de gros calibre est interdite à l'École de pyrotechnie de Metz à la suite d'accidents arrivés pendant le simulacre du siège de Metz.

Les fusées de guerre, Monsieur Susane, Mémoires de l'académie impériale de Metz, XLIVe année, 1862-63, 2ème série, XIe année, 2ème partie

1845 -- France

Des considérations, se rapportant à un plan d'ensemble de réorganisation des établissements de l'artillerie, ont comme projet de transporter l'École de pyrotechnie de Metz à Vincennes. Ce projet ne serra pas réalisé, mais il reçut un commencement d'exécution, et monsieur Bedfort quitta Metz pour se rendre à Vincennes, d'où il n'est jamais revenu.

Les fusées de guerre, Monsieur Susane, Mémoires de l'académie impériale de Metz, XLIVe année, 1862-63, 2ème série, XIe année, 2ème partie

1845 -- France - Autriche

C’est après avoir vu et étudier de près les fusées autrichiennes à Vienne, où il s’est retiré après 1830 que le maréchal Marmont a émis dans son livre "De l’esprit des institutions militaires" publié en 1845 une opinion qui fait grand bruit :

"On a créé depuis peu, deux espèces d’artillerie, dont à mon avis les effets sont merveilleux, si on sait en tirer parti à la première guerre : les fusées à la Congreve pour la guerre de campagne et les pièces de canon, dites à la Paixhans, pour la défense des côtes et des places. [...] Les fusées à la Congreve, qui ont reçu successivement un grand perfectionnement, et qui sont dirigées aujourd’hui avec une assez grande justesse, forment une artillerie qui peut devenir une arme principale par le développement dont elle est susceptible dans l’application.

En effet, quand l’arme se compose seulement des projectiles que l’on emploie; quand aucune machine n’est nécessaire pour les lancer, et qu’on ne présente au feu de l’ennemi aucune surface pour la direction de ses coups, quand enfin, par des dispositions très simples, on peut donner momentanément à son feu un développement tel, que le front d’un seul régiment soit couvert par une pluie de boulets représentant le feu d’une batterie de cent pièces de canons; alors les moyens de destruction sont tels, qu’il n’y a plus de lutte possible, en suivant les règles et les principes que l’art actuel de la guerre a consacrés.

Cette nouvelle artillerie prend ne grande importance en mille circonstances, où l’artillerie à canons ne joue aucun rôle. Dans les montagnes, on transporte aujourd’hui à grand’peine un petit nombre de pièces qui y fait peu d’effets.

Avec les fusées, on a une arme à longue portée, qui se trouve établie partout et à profusion, sur les cimes des rochers comme sur les plateaux inférieurs. Dans les pleines rases, chaque édifice est transformé en forteresse, et le toit d’une église de village devient à volonté la plate-forme d’une batterie formidable. En un mot, cette invention telle qu’elle est, et avec le perfectionnement qu’elle comporte encore, se prête à tout, se plie à toutes les circonstances, à toutes les combinaisons, et doit prendre un ascendant immense sur le destin du monde.

On ne réfléchi que peu à la nature des choses. On agit longtemps par routine, sans se préoccuper des modifications et des améliorations possibles; aussi ne saura-t-on qu’à la longue apprécier la puissance des fusées. [...] Je le répète, les fusées doivent opérer une révolution dans l’art de la guerre, et elle fera d’abord le succès et la gloire du génie qui, le premier en aura compris l’importance et développé tous les avantages qu’on peut en attendre.".

Un pareil avis venant d’un homme de guerre de cette valeur ne peut manquer d’appeler l’attention et de soulever de vives controverses. En France, où l’on fait profession d’une médiocre estime pour les fusées, peut-être par dépit de les avoir trop négligées, l’effet de cet avis s’élève presque à la hauteur d’un scandale militaire.

Les fusées de guerre, Monsieur Susane, Mémoires de l'académie impériale de Metz, XLIVe année, 1862-63, 2ème série, XIe année, 2ème partie

1845 -- France

À cette époque, on entreprend l'exécution d'un programme d'expériences très étendues, qui pourra certainement conduire à la découverte et à l'établissement des vrais principes.

On fait table rase du passé, on reprend la question à l'origine et surtout on rentre dans l'examen de toutes les combinaisons possibles en fait de dosage et de préparation des matières, car on fait toujours principalement dépendre le succès de la possession d'une composition, c'est-à-dire d'un secret.

Or il est temps de dire qu'il n'y a pas de secret de composition. Congreve a eu son premier, son deuxième et son troisième secret; les Saxons, les Suédois, les Autrichiens, les Prussiens et les Russes ont eu leur secret. Ils en ont tous été respectivement satisfaits, fiers et jaloux, et pourtant tous ces dosages ont tourné de si près autour du dosage donné, il y a mille ans, par Marchus Grœcus.

Si ce vieux byzantin revenait au monde, il aurait le droit d'intenter à tous ses successeurs des procès en contrefaçon. Sans prétendre établir que le choix de la composition est indifférent, on peut dire que la science des fusées n'est pas là.

Les fusées de guerre, Monsieur Susane, Mémoires de l'académie impériale de Metz, XLIVe année, 1862-63, 2ème série, XIe année, 2ème partie

1845 -- Russie

Le général Worontzoff, commandant en chef de l’armée du Caucase, probablement sous l’influence de l’opinion émise par le maréchal Marmont, prend en charge l’atelier de Saint-Pétersbourg, qui est mis en demeure de fournir 6000 fusées de campagne par an. Ces fusées, imitation plus ou moins heureuse des fusées anglaises, sont armées de projectiles tout à fait insignifiants.

Elles ont moins de puissance que les fusées autrichiennes, et elles sont loin d’avoir leur justesse. Les Russes commettent la faute de les donner à la cavalerie cosaque. Chaque homme en porte deux, une dans chaque fonte de la selle, et trouve dans l’angle formé par le croisement des baguettes un appui si commode, qu’il s’y installe pour dormir, au grand détriment de l’arme qui, faussée au raccordement de la baguette avec le cartouche perd le peu de justesse qu’elle possède et éclate souvent.

Les fusées de guerre, Monsieur Susane, Mémoires de l'académie impériale de Metz, XLIVe année, 1862-63, 2ème série, XIe année, 2ème partie